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Maborosi

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.33/5

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15 critiques: 3.8/5

visiteurnote
Toxicguineapig 3.75
Titeuf@ 3.5
Secret Tears 3.5
Samehada 3.75
Pikul 3.25
Mounir 3.75
Manolo 2.5
Laidli André 4.5
Kokoro 4
JoHell 3.25
Izzy 4.25
Epikt 3.5
Catt 5
Bastian Meiresonne 4.75
750XX 3.75


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Un film fort, juste et visuellement splendide.

Le deuil, comme on le répète souvent, s'accompagne de la perte du sentiment d'appartenance au monde : quelque chose s'est brisé, par quoi nous sommes brusquement en recul de tout ; l'adhérence aux choses ne se fait plus, l'environnement dans lequel nous évoluons ne semble plus chargé de réalité. L'une des grandes réussites de Maborosi est précisément de nous communiquer ce sentiment : l'héroïne, Yumiko, nous semble perdue, évasive, retirée du courant quotidien qui nous emporte normalement ; nuage flottant, indécis, fragile, quelque chose en elle a démissionné, abdiqué, et nous la voyons parfois ressembler à ces fantômes tissés d'ombre qui se déplacent entre les objets sans être présents physiquement, charnellement. Kore-eda emploie pour ce faire un rythme lent, calme, contemplatif ; la caméra bouge assez peu, se tient à une certaine distance, tandis qu'elle cadre somptueusement ces épisodes d'une vie déroutée, déboussolée – et peut-être faudrait-il le dire ici au sens propre du terme : une vie dont cartes, routes et boussoles font cruellement défauts, où quantité d'horizons se sont brisés.

Mais on ne saurait dire quelque chose sur ce film sans évoquer la magnifique et poignante maîtrise formelle de ce premier long-métrage (réalisé à seulement 23 ans, ce qui ne laisse pas d'impressionner...). On a parlé de l'influence d'Ozu, et peut-être faudrait-il nuancer cela, mais nuancer seulement. S'il y a bien quelque chose qui fait penser au réalisateur du Voyage à Tokyo dans ce film, c'est la signature particulière de ces plans où l'apaisement, le calme, la sérénité, cette sorte de pudeur et de silence ressortent en vérité d'un calcul minutieux et de beaucoup de science de la lumière, de la symétrie et des objets. Mais bien que la verticalité et la fixité dominent, je pense qu'on ne peut qu'être emporté par la beauté et la force de certaines séquences, et par la manière d'éviter de montrer frontalement et grossièrement la souffrance du deuil.
La séquence la plus célèbre, me semble-t-il, étant celle de la procession funèbre sur la plage, où, écrasés par ce ciel gris qui occupe la majeure partie de l'image, des individus minuscules, éthérés et effacés traversent le plan vers la gauche, suivis par la veuve, seule derrière eux. J'ai rarement vu d'images aussi fortes pour signifier le peu de réalité qu'ont les hommes devant la vie, sans cesse recommencée, et le monde, muet, éternel, immense. Un autre plan reste également en mémoire : lorsque les deux enfants courent ensemble dans les alentours du port ; séquence simple, épurée, et d'une grande émotion (il en existe une semblable, mais d'une beauté moins mystérieuse, dans Still Walking, lorsque les enfants jouent dehors dans la rue).

Mais il y a cependant quelque chose qui n'est pas tout à fait d'Ozu, et qui est moins dans la réalisation en tant que telle que dans l'histoire et les personnages : quelque chose de cassé, de brisé ; ce qui arrive aux personnages de Kore-eda me fait davantage pensé ici à Naruse qu'à Ozu (et lui-même d'ailleurs le signale) ; quelque chose chez eux ne marche pas, pour ainsi dire, quelque chose rend difficilement guérissable le fait de vivre ; le très léger et doux optimisme qui traverse beaucoup de films d'Ozu ne prend pas dans ce cinéma. Mais il me semble que c'est justement là l'un des plus beaux aspects de la réalisation de Kore-eda en général : cette façon apaisée et très calme de filmer (comme chez Ozu) des épisodes de vie difficiles, habités par la douleur, l'absence, mais aussi quelque chose comme de la déception, de la tristesse voire de la colère (qui me semble ici plus naruséen). Bien sûr il y a des moments de joie dans Maborosi, et de l'humour ; ce ne sont que des moments, mais ils sont magnifiques. Et, ici comme ailleurs, Kore-eda se garde bien de caricaturer ce qu'il peint : ainsi le nouveau mari de la veuve évite assez bien, me semble-t-il, les écueils du remplaçant du défunt, qu'on aurait pu présenter comme terriblement inférieur à celui-ci et sans âme. Le plan final, à ce titre, est une vraie réussite, et referme ce film magnifique, fort et difficile sur une très grande générosité du regard (et là aussi, ce plan est assez proche du plan final de Still Walking).

Nody,
http://www.senscritique.com/film/maborosi/5911229717602102/critique/nody/

28 mai 2011
par Laidli André


Les illusions perdues

MABOROSHI,premier des films de Koreeda à être visible par ici, présente déjà toutes les caractéristiques d'un auteur qui nous donnera le bouleversant NOBODY KNOWS presque 10 ans aprés,avec les mêmes armes. Un jeune père de famille se suicide sur une voie ferrée,alors que rien ne laissait présager cet acte,laissant au désespoir son épouse qui doit en oputre élever leur fils de 3 mois.Remarriée,elle déménage dans un petit village côtier, et devra se familiariser avec sa nouvelle famille et vivre avec la perte de son premier amour. Evocation d'un quotidien d'abord idéal du jeune couple en devenir, puis de la vie d'aprés le drame et les réaménagements tant pratiques que psychologiques qu'elle entraîne,MABOROSHI privilégie les émotions des êtres,parfois observés de loin,dans un environnement naturel magnifique,parfois cernés par une caméra inquisitrice.Dans une succession de plans fixes ou l'obscurité le dispute à la vive lumière, le film instaure d'emblée un climat indéfinissable,une ambiance mélancolique diffuse mais tenace, la lenteur du rythme devenant vite hypnotique. MABOROSHI bénéficie d'une belle distribution,les acteurs parvenant avec peu de mots mais des regards éloquents,à traduire le malaise ou le désespoir,alors que les enfants restent des "vrais"enfants,et pas des singes savants-têtes à claques. La disparition du premier mari,considéré jusqu'alors par sa femme "comme une personne n'ayant pas changé depuis l'enfance",correspond en quelque sorte à la fin des illusions liées à cette période insouciante de la vie pour la jeune veuve.Le chemin s'avèrera difficile,mais la vie,malgré tout,continue. Hirokazu Koreeda nous touche profondément avec ce sujet grave,traité sans aucune mièvrerie mais avec une grande pudeur,et n'oubliant pas l'aspect esthétique de son oeuvre:photographie et musique sont particulièrement soignées pour un résultat superbe. Du beau cinéma.

27 mars 2005
par Kokoro


à coté de quelque chose de beau

Ce type est un maniaque du cadre comme j'en ai rarement vu. Et son film, malgré une bonne dose d'austérité, est d'une beauté de tous les instants.
Alors pourquoi je me suis trouvé incapable de rentrer dedans ? Aucune idée. Le "film japonais très lent sur des gens tristes qui parlent pas beaucoup" étant un genre qui d'ordinaire me réussit plutôt bien dès lors que c'est un minimum bien fait. Ce qui est le cas, plutôt deux fois qu'une. D'où mon impression d'être passé à coté de quelque chose de beau.
Je m'en vais le laisser reposer, et lui accorderai sans aucun doute une seconde chance dans six mois...

20 février 2008
par Epikt


A mort la vie

A la recherche de la "perle rare", vous visionnez des dizaines, voire centaines de films, à tort et à travers, en fonction de vos goûts t des couleurs, de la "tendance" du moment ou en poursuivant une thématique bien précise…Et voilà-t-y pas, que vous tombez sur un film, dont vous n'attendez pas forcément beaucoup et qui vous emporte totalement ailleurs, vous tourne et retourne et "fuck up your head", comme dirait notre ami JCvD, parce que finalement, il n'y a pas mieux que la langue de Shakespeare pour dire SIMPLEMENT les choses. "Maborosi" a exactement eu cet effet sur moi…et c'est exactement ce que j'attends du cinéma tout court, du cinéma asiatique en particulier et qui me donne l'envie de continuer à faire ce que je fais: vivre pleinement une passion, plutôt que de me soucier de toutes ces choses futiles sur terre d'ordre bassement matérialiste. "Maborosi", c'était une véritable leçon d'amour: après d'extraordinaires préliminaires sous la forme d'une séquence d'intro, qui résume à elle seule tout le film à suivre, je me suis fait charmer par la beauté lacée des images, me suis abandonné au rythme langoureux de l'intrigue pour connaître une fin extatique avec la magnifique séquence du dénouement…Rarement, l'expression de "petite mort" a été mieux portée à l'écran. Je me suis maintes fois pris la tête avec d'autres "fans de cinéma" amis ou forumeurs par le passé à tenter de savoir comment définir la "vraie perception" du cinéma: simple condensé à consommer sur place ou vraie langage au service d'un Art. J'aimerais juste revenir sur l'époustouflante séquence d'ouverture: on y voit un gamin à vélo s'engouffrer dans un "tunnel" sous un chemin de fer pour ensuite disparaître – le destin d'Ikuo tracé en un seul plan. Ensuite, on découvre une vieille dame rapidement sortir par un passage couvert d'immeuble, qui pourrait de nouveau faire penser à un tunnel avec une forte lumière eau bout. Elle est suivie par une fillette, que l'on plus tard être Yumiko. Cette dernière va tenter de rattraper la vieille dame, bien décidée de "partir au loin" en empruntant un pont. Elle partira de "l'autre côté", tandis que Yumiko restera du côté des "vivants"…La jeune femme n'aura donc de cesse de courir après l'image des morts. Et difficile d'en sortir, car elle est littéralement "prisonnière" de l'image de ce qui a causé la mort: habitant proche des voies ferrés, elle voit constamment l'outil responsable de la mort de son mari et de se rappeler de son souvenir. Elle va donc "échapper" à cette prison, comble de l'ironie, en prenant place dans un train; mais là encore tout le génie de Kore-eda est de proposer une transition comme rarement je n'en ai vue au cinéma: alors que la jeune femme remonte le quai d'une gare, on découvre soudain un fleuve en arrière-plan, avec un bateau qui passe – or sa prochaine étape, c'est celle de "la mer" en s'en allant déménager dans un port de pêche. La mer = ouverture au cadre, l'échappatoire d'une vision urbaine carcérale…sauf qu'il n'est pas aussi facile que cela d'échapper à ses souvenirs. Rarement beauté, mélancolie et tristesse n'auront été aussi majestueusement filmé que dans ce film, fait d'une succession de plans fixes (sauf trois panos latéraux) directement emprunte aux meilleurs des réalisateurs dits "classiques" japonais. Que des plans hyper larges, quasi aucun plan fixe pour garder les personnages à distance et émouvoir par la simple histoire et le sentiment "d'abandon", plutôt que l'expression d'une émotion bouleversée… Une lumière sombre, souvent sous-exposée, qui accentue la grisaille du lieu, mais également des sentiments du cœur et quelques plans de génie, comme celui des personnages d'Ikuo et Yumiko, tous deux de noir vêtus et dont cette sombre lumière empêche de voir où commence l'un ou l'autre personnage…Bref, une "symbiose parfaite". L'autre plan, c'est celui de Yumiko, qui se fend dans l'obscurité de la cabine de l'arrêt de bus, avant qu'elle ne "revienne" littéralement à la lumière en étant attiré par…une procession funéraire…L'image de la mort omniprésente. C'est magique et tragique à la fois, totalement maîtrisé de bout en bout et s'inscrit même en plein dans un univers parfaitement construit avec un documentaire avant et après "Maborosi" traitant déjà de l'idée de la mort et du souvenir. Du très grand film !!!

15 novembre 2011
par Bastian Meiresonne


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